Il serait vain de retracer l’histoire Parisienne quand on sait combien elle est riche. D’autant qu’un phénomène bien connu des cinéastes tend à faire de chaque plan un tant soi peu déjà vu dans Paris, une véritable carte postale. Peut-être faut-il s’exporter soi-même pour accepter un regard neuf sur les choses qui constituent une ville. Pour autant, Klapisch n’en démord pas. Son objectif, il le fixe sur les quartiers populaires et les petites rues méconnues aux charmes oubliés. Loin d’Amélie Poulain, Chacun Cherche son Chat est ainsi typique de cette tendance à faire le portrait d’un quartier et de sa vie intérieure, ici le onzième. Et de fait, le film nous fait oublier qu’il se déroule du début à la fin à quelques dizaines de mètres de Bastille. L’intérêt ne réside pas tant dans un passé latent mais bien affirmé que dans l’activité qui règne au présent. C’est un regard Parisien, le regard d’un Paris vu de l’intérieur où l’on ne s’arrête sur les choses qui constituent son passé que pour arrêter un instant le temps et voir ces choses, réellement, comme un miroir. Ainsi par moments, la verticalité des films rejoint celle de la ville et révèle au spectateur le portait d’une société et de personnages choisis ça et là qui la peuplent.
Mais Paris est aussi un vecteur de curiosités et de folie. Dans sa démarche de prendre à contre-pied les clichés attendus de sa ville, Klapisch est allé jusqu’à lui réinventer un futur entièrement à contre-courant. Jouant des coudes comme des jeux de mots, il renverse les codes dans Peut-être et peint un Paris sous le joug nouveau et faerflu d’un « Sous la plage les pavés ». Il y fait rencontrer Duris (peut-être) père en devenir et Belmondo (peut-être) fils venu d’un lointain futur pour compléter l’inversion. Passé la découverte surprenante du quartier recouvert de plusieurs mètres de sable, les deux hommes vont boire un demi en terrasse, l’air de rien.
Mais Paris change plus vite à travers le regard changeant d’un auteur et de son personnage récurent. Dans le Péril Jeune, c’est la dimension du quartier avec quelques allusions à l’extérieur mais jamais concretisées. Dans Chacun Cherche son Chat, le personnage de Garence Clavel regarde son quartier changer et ses habitants le quitter emprunts de nostalgie. C’est un premier regard vers l’extérieur bien qu’hésitant. C’est à partir de l’auberge Espagnole et plus encore des Poupées Russes qu’il prend une dimension nouvelle. La jungle urbaine s’étend d’une ville à l’autre, créant un réseau où le quartier devient la ville et la ville devient l’Europe toute entière. Ainsi, Xavier dans les Poupées Russes passe de Paris à Londres comme Tomasi passe du quatorzième au onzième : en un clin d’œil. Ainsi à l’image de la société, les flux s’accélèrent, les échangent grandissent et les distance s’amoindrissent jusqu’à faire fusionner les villes.
Barcelone est parfaitement représentative de l’univers Klapisch. Elle est en quelques sortes ce « joyeux bordel » que Xavier raconte avoir toujours eu dans la tête avant de le rencontrer dans l’auberge espagnole. Il s’agit d’un mélange bien heureux entre un passé d’une richesse et d’un ecletisme rare et le futur. Car la ville, typique de la Catalogne dont elle est la capitale fait de son identité et de ses traditions un point fort tout en restant ouverte sur la modernité. L’architecture en est la parfaite illustration puisque des quartiers populaires aux grands boulevards se côtoient les vestiges romans (la plaça Reial ) les influences gothiques avec ça et là quelques immeubles de Gaudi, génial architecte du Parc Güell mais surtout de la mystique Cathédrale la Sagrada Familia, où le brassage culturel atteint son sommet. Qui plus est cette alchimie délicate s’opère pour le mieux, là où ailleurs elle ferait défaut. Barcelone est une ode à l’éclectisme et à l’ouverture. Un hymne aux frontières qui tombent et aux traditions qui perdurent. Qui plus est l’art y est légion avec entre autres son centre d’art contemporain, le musée Picasso, le musée Juan Miro mais aussi dans la rue, sur les murs et partout, le témoignage de la créativité folle des habitants et aficionados de la ville : la ville, considérée comme capitale de l’art de rue sous toutes ses formes en Europe accueille les grapheurs, les skaters et autres passionnés de la rue de tous horizons et de tous poils qui habitent les rues, non loin des figures emblématiques de la ville : l’arc de triomphe, mémoire de l’exposition universelle de 1888 et son quartier de la Ciutadella, Le Casc Antic regroupant El Barri Gotic et ses petites rues escarpées jusqu’au quartier El Raval.
Copywrong 2007Paris.
De Paris au périple d’Erasme.
Dans ce sens, le très prochain « Dans Paris » suscite la curiosité.
Barcelone.
Mélange d’histoire et de culture, de passé et de modernité, de postérités lumineuses et de dynamisme il est dans l’ordre des choses que Barcelone soit la première ville à accueillir des étudiants dans le cadre du programme ERASMUS. Qui plus est, elle est devenue grâce au film l’auberge espagnole le symbole d’une génération ouverte sur l’étranger et la découverte.